POEM

Des scupltures rencontrent le graffiti… Des bas-reliefs au pinceau, à la bombe, au Posca ou au Molotow… Cette expo est une histoire de famille urbaine.

Christian Thomas

« Sculpteur depuis mon adolescence, en 1991 je crée une œuvre, suite au massacre de la station de métro Louvre par des graffeurs.

Mon fils Jérôme baigne déjà dans le monde du graff et du rap au sein de son groupe STS. Persuadé que le graff devait rentrer dans les galeries et les musées, j’invite mon fils à tagguer sur certaines de mes créations. Ainsi née, Erika, station Louvre, une sculpture en plâtre d’un mètre de haut entièrement recouverte de son blaze « Jamer », faisant écho à la station Louvre recouverte de graffitis.

Rapidement achetée par un collectionneur, l’oeuvre hybride symbolise l’une des première rencontre entre l’art contemporain et le graffiti. Mon fils a d’ailleurs utilisé le même matériel, des Posca de toutes les couleurs, qui sont des marqueurs historiques du tag. Leurs utilisateurs avaient l’habitude de remplacer de l’encre d’origine (acrylique) par de l’encre artisanale bien difficile à effacer. Après cette collaboration, une longue série de collaborations verra le jour sur tous formats : dessins, sculptures, peintures.

Entre 1991 et 2011, une centaine d’œuvres naissent, la plupart du temps le week-end, dans la maison familiale de Vulaisnes-sur-Seine ou à notre domicile dans le 15ème à Paris, tous deux envahis par ma créativité frénétique.

Jérôme vient un week-end sur deux voir ses grands parents, son cousin Manu, et participe à mes créations quand il n’est pas occupé à dessiner avec « Manouche ».

En 2011, nous vendons, le cœur brisé, cette maison pleine de souvenirs. Il s’ensuit une destruction importante de mes sculptures car je n’ai nulle part où les stocker. Je brûle plus d’une centaine d’oeuvres dans le jardin familial. Je filme leur mort. Jérôme m’accompagne dans ce processus mortifère en faisant un vidéo clip de ce feu de tristesse : « Ecstasy », l’art est une drogue https://vimeo.com/61829707

En 2003, je collabore avec son plus proche ami et graffeur Katre, qui adaptera sur mur un de mes dessins, de petite taille, sur une grande toile collée sur un mur, en face de leur studio de musique Folimer.

31 ans après, je travaille sur une série de bas-reliefs (plâtre et bois), je les apporte à Jérôme entre deux confinements. Je suis là quand il intervient en dansant sur mes œuvres avec ses signes – prolongements de ses tags adolescents, Il a d’ailleurs réutilisé du matériel moderne propre aux taggueurs, comme les squeezers qui reproduisent l’effet de coulure des bombes.

La collaboration s’est faite spontanément. Mon fils peint les bas-reliefs sur le vif, devant moi, au pinceau, à la bombe, au Posca ou au Molotow, jusqu’à notre satisfaction commune. Souvent, je repars en lui disant que l’œuvre n’est pas terminée, qu’il va sans nul doute falloir revenir dessus, ce qui l’énerve passablement. Lorsque je l’assiste, j’en profite aussi pour immortaliser ces moments de grande joie complice en photo ou en vidéo.

Après plus d’un an de travail, nous proposons une exposition de 20 pièces dans son show-room d’Ivry-sur-seine. Les visites sont tous les jours entre 10h et 18h, 7 jours sur 7. » 

Christian Thomas